Andy, un jeune garçon de dix ans, tente de tracer son chemin aux côtés de sa mère Sarah, et Mouchy, voisine complice qui veille sagement sur eux. Un beau tableau de famille, s’il n’y avait la présence de Fred, un beau-père alcoolique, drogué et narcissique, qui leur fait vivre un enfer. Un matin d’hiver, un drame se produit et Andy plonge dans un coma indécis.
C’est là que tout débute…
Y a-t-il un lien avec les affaires de Patrice et Esther, deux enfants qui ont vécu des expériences similaires il y a presque cinquante ans ? Qui est ce mystérieux voisin qui emménage dans une propriété énigmatique peu après cet accident ?
Si Dieu peut entendre nos prières, le Diable peut-il y répondre ?
Je remercie Simplement.pro et Sébastien Jullian pour m’avoir permis d’accéder à ce service presse !
Aussi, je tiens à préciser que si, comme moi, votre “trigger warning” c’est les relations toxiques / pervers narcissiques et/ou les enfants maltraités, sois je vous conseille de ne pas lire ce livre, sois je vous conseille d’y aller doucement. Cela peut faire mal là où ça passe, notamment au début (même si vous serez peut-être, comme moi, à la recherche d’un catharsis).
Je ne sais pas comment commencer mon avis, parce que je sais pourquoi j’ai lu ce livre, et que ça me rend presque très subjectif, plus que neutre. Mais en soit, une chronique de livre n’est que rarement purement objective, alors peu importe.
Le récit qu’on nous compte, se divise plus ou moins en deux parties. La souffrance, et la délivrance.
Autant dire que j’ai trouvé que la première partie était très astucieusement écrite : on nous présente le tout, sans chichi, sans tabous, avec des passages crus, des mots durs, et des choses qui nous restent en travers de la gorge. Mais là où c’est plaisant, c’est que les points de vues sont maitrisés. Quand on est du point de vue d’Andy, on a un côté presque innocent, et d’une envie de protection de sa mère. Quand c’est celui de Sarah, on sens que c’est le serpent qui se mord la queue : Sarah veut aussi protéger Andy, et il y a aussi le fait que Frédéric est assez manipulateur pour la faire douter. Pour Frédéric, tout y est cru, vulgaire, mauvais, et j’avais tellement l’impression de retrouver une certaine personne de mon entourage que j’avais beaucoup de mal à lire. Au moins c’est bien, c’est difficile de l’apprécier, et en même temps, il n’est pas dépeint comme le cliché du “méchant méchant”, mais bien plus en nuance, ce qui montre avec justesse que les “monstres” dans son genre, on aussi leurs moments d’humanité.
Le plus dur, je crois, était le fait que par la suite, dans la seconde partie, tout est du point de vue de Frédéric. Et malgré ce qu’il s’y passe, malgré le plaisir de le voir souffrir, je trouvais que bizarrement, l’écriture était presque passive a des endroits, contemplative, même. Mais du reste, on aime à le voir souffrir, d’une façon tordue, et même si on se doute de qui, de quoi, de comment, j’ai bien aimé le fait qu’il se pense tout puissant et en fait non.
En soit, c’est un livre assez intéressant, avec une intrigue de fond, tenant du passé, qui présente un peu le côté surnaturel de la chose. On sens bien que dans la seconde partie, il n’y a plus de point de vue d’Andy pour une bonne raison. Celui qui permet le retour d’Andy et des autres enfants ne semble néanmoins pas si bénéfique et même très dangereux (je pense à l’incendie de l’orphelinat ou au gamin qu’on retrouvé attaché par une corde), ce qui montre aussi une forme d’ambiguïté et de cruauté. En fait, en soit, ce qui arrive aux enfants, les transforme un peu en “monstre” mais les protège de toute forme de cruauté en l’étant eux même.
Il y a pas mal de choses à analyser dans ce livre, sur ce que ça veut dire, ce que ça signifie. Après, on peut tout aussi bien profiter du récit, être intrigué par qui est Gruber, qui est la vieille dame (je n’ai compris qu’à la fin, quand on nous le dis). Je n’ai pas trouvé de moments de longueurs, et j’ai trouvé le tout plutôt réaliste, sauf quand, bien sûr, l’ésotérisme venait frapper à la porte. Mais ça ne m’a pas dérangé. Finalement, ça interroge. Est ce qu’au bout d’un moment, dans une situation comme Andy et Sarah, la solution n’est elle pas de l’occulte le plus total ?
Mais bref. C’était une plutôt bonne lecture, tout en finesse, et en dureté, avec un côté malsain, mais qui pour moi, ne m’a fais du mal que dans sa première partie. Devrais-je dire que la catharsis a fonctionné ? Peut-être un peu.