En 1793, Jean Verdier, un jeune lieutenant de la République, est envoyé avec son régiment sur les côtes de la Basse-Bretagne pour capturer un noble, Justinien de Salers, qui se cache dans une vieille forteresse en bord de mer. Alors que la troupe tente de rejoindre le donjon en ruines ceint par les eaux, un coup de feu retentit et une voix intime à Jean d’entrer. À l’intérieur, le vieux noble passe un marché avec le jeune officier : il acceptera de le suivre quand il lui aura conté son histoire. Celle d’un naufrage sur l’île de Terre-Neuve, quarante ans plus tôt. Celle d’une lutte pour la survie dans une nature hostile et froide, où la solitude et la faim peuvent engendrer des monstres…
Famille : Dans la cour de récré
Personnage : La Reine des Neiges
Rang : Ancêtre 2
Défi : Il neige dans le livre
Je dois avouer qu’il m’a fallu trouver mon ambiance musicale pour me plonger dans la lecture de ce livre. Je vous conseille donc des playlists de vents qui soufflent, et de tempêtes diverses.
Une fois l’ambiance posée, il est bien plus facile de rentrer dans le livre, qui nous plonge dans une histoire de survie.
On retrouve un certain nombre de personnages, qui se retrouvent pris au piège sur une île hostile, sous des tempêtes de neige, et d’autres obstacles qui bloquent leur route. À commencer par une série de meurtres étranges qui commencent à tous les décimer un par un.
Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est que quasiment du début à la fin, on ne sait pas si tout ce qu’il se passe est fantastique. Ou si simplement, les personnages deviennent fous, et surtout dangereux. Ainsi, le livre traite du sujet du monstre, et de ce que les gens deviennent lorsqu’ils n’ont plus rien pour survivre.
Tout se fait du point de vue externe de Justinien de Salers, un alcoolique notoire, que le passé semble rattraper au fur et à mesure de l’histoire. Cet homme qui parais bourru au début, m’a donné l’impression d’être naïf au fur et à mesure de l’histoire. Naïf et dépassé par les évènements, et assistant à la cruauté des hommes sans pouvoir faire grand-chose de plus que survivre lui-même.
Il y a un travail sur la façon dont le récit est raconté et construit, qui m’a fait retrouver le style de l’autrice, qui semble tout de même un peu changer dans ce côté plus mature, plus sombre qu’est Widjigo. On retrouve quelques retournements de situation, qui m’ont fait comprendre des choses sur le choix du style, qui m’interrogeait durant ma lecture. Tout est bien placé, et amène à une conclusion.
Du reste, je me suis laissé plonger dans l’histoire, et sans forcément m’attacher, persuadé que tout ceci ne serait qu’une escalade vers l’horreur. Bien que chaque personnage avait son propre passé, ses propres désirs et ses peurs. J’ai néanmoins apprécié Pénitence, qui me faisait de la peine vu la tête de son père. J’ai trouvé Gabriel intéressant aussi. C’est un personnage mystérieux du début à la fin, par sa manière de très peu parler, entre autre. Et Marie était dépeinte de telle façon qu’elle m’intriguait.
Ce que j’ai aussi aimé, c’étaient les indices laissés par le livre pour en venir à la conclusion. Indices glissés dans les parallèles du “présent” avec l’année 1793 et de l’évènement horrible de l’année 1754. Il y avait des choses qui me faisaient tiquer. Comme des incohérences dont je n’arrivais pas à trouver le sens.
Ainsi, à la fin, j’ai pu faire “ah oui, du coup, ça explique beaucoup de choses.”
Je pense que ce livre, en huis-clos de survie, se lit avec la bonne ambiance, et conte une histoire de l’horreur humaine, et que le monstre n’est pas forcément celui qu’on pense, ni aussi monstrueux qu’on ne le croit.
“Elle m’a montré que le monde est fait d’histoires autant que de matière. En tous lieux les histoires se mêlent à ce que nous sommes, cette Terre même que nous arpentons, ces océans au travers desquels nous lançons nos courses. Les histoires nous relient à ceux qui nous ont précédés, également, tout au long des siècles. Ceux qui ont vécu bien avant notre ère, mais aussi ceux que nous avons croisés, ceux que nous avons aimés, ou haïs, et qui sont partis avant nous.”