À Nuovariva, dans la basse plaine de l’Émilie-Romagne, les crimes domestiques sont monnaie courante, en particulier ceux commis sur les femmes ; leurs cadavres disparaissent à jamais dans les eaux glauques du marais. Un jour, le corps d’une adolescente assassinée pendant les jours de la Merlette, ne sombre pas tout de suite, mais reste à la surface glacée de l’eau jusqu’au printemps. Personne ne s’aventure à le ramasser. Bien des années plus tard, la jeune fille réapparaît mystérieusement.
Après une adolescence tumultueuse, la jeune femme s’intègre dans la petite communauté de Nuovariva comme chroniqueuse judiciaire. Elle détient un avantage de taille sur ses collègues journalistes : les cadavres lui racontent leur histoire.
Je remercie la traductrice, Murielle Hervé-Morier pour m’avoir permis de lire ce livre.
Livre lu aussi pour le jeu des dix familles 2023 :
Famille : Dans un paquet de mouchoir
Personnage : Pénélope (L’Odyssée)
Rang : Parent 1
Défi : Une autrice d’un pays qui borde la mer Adriatique (Albanie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Grèce, Italie, Monténégro, Slovénie)
Difficile de chroniquer un livre comme La Merlette. En effet, celui-ci m’a fait l’effet d’une sorte de livre à part, qui se veut poétique, sombre, féministe et fantastique. Une chose est sûre, c’est qu’il se lit vite. Si mon rythme de lecture a été chaotique ces derniers temps, à chaque fois que je lisais un peu ce livre, je me retrouvais à avancer sur plusieurs chapitres, sans trouver le temps long.
C’est probablement parce que l’ouvrage est écrit de façon pas “poétique” en partie, mais plus fluide et tranchante. On ne se perd pas dans des divagations narratives, et on va droit au but.
En soi, c’est une bonne chose : le propos du livre est bien servi. On est sur une sorte de tragédie d’un petit village d’Italie, où les personnages semblent tous un peu avoir un grain ou un passif complexe. Mais quand je dis grain, au final, ils semblent tous “réalistes” du côté sombre de nos vies.
Si j’avoue, j’aurais aimé me passer de quelques histoires dans l’histoire, comme celle du professeur pédophile qui n’a aucune pitié pour son élève et dont j’ai trouvé le message mal passé et dérangeant puisque du point de vue d’un personnage qu’on semble être censé aimer, ou les nombreuses histoires de fesses de la tireuse de tarot, il en reste que malgré moi, elles me restent en mémoire.
Je ne pense pas que ce livre est fait pour qu’on apprécie forcément ses personnages, mais plus pour nous poser des faits de vie, nous les mettre dans la tête, et nous montrer un peu plus la cruauté de ce monde, du point de vue d’un personnage littéralement mort-vivant. D’ailleurs, fait étrange, si je n’ai pas accroché aux autres personnages, j’ai senti que La Merlette en elle-même me touchait. Elle est une sorte de porte-parole des femmes qui sont dans la douleur dû aux hommes cruels. Et si ça peut sembler assez exagéré à des endroits (notamment ce qu’il se passe à sa mort), je pense que ça peut arriver aussi, et il en reste, que le livre est là pour passer un message, pas pour être réaliste. Rien qu’à voir le fait qu’elle libère du vert autour d’elle parce qu’elle est morte dans les marais, montre ce fait.
De toute façon, le but du récit est de se concentrer sur ces hommes cruels, qui ont trahi des femmes qui voulaient croire en eux. Que ce soit par les fantômes que Merlette voit, ou d’autres. Autre chose d’intrigant : ce qu’est la Merlette en elle-même. Je me suis demandé durant le récit, si cela faisait écho aux légendes de types Llorona ou même Mélusine, ou autre.
Ce que j’ai apprécié aussi, c’est la structure du récit. Mêlant le passé au présent, on a au fur et à mesure son histoire, et j’ai trouvé par contre que le résumé du livre spoilait trop ce récit du passé. Ce qui est dommage, parce qu’on aurait pu découvrir doucement.
Ce qui est sûr, c’est qu’il y a de la tragédie dans ce récit, mais une tragédie douce, amère, qui certes était plutôt crue, mais avait ce petit quelque chose qui se laissait lire, et se contentait de présenter, sans aucun tact à donner, mais avec un plaid dans les mains, la cruauté du monde. À écrire comme ça, c’est assez bizarre, mais c’est exactement la sensation que m’a fait ce livre.
Si vous avez aimé Eurydice Déchaînée, vous aimerez ce livre pour son côté des femmes qui se vengent des hommes qui leur ont fait du mal.
Si vous avez aimé un livre de Morgane Caussarieu (comme Dans les veines), vous aimerez probablement ce livre pour son côté assez cru qui n’enrobe aucun de ces mots dans du bonbon.