La canicule enflamme les nuits bordelaises. Une bande de camés dévaste un supermarché. Et tandis que l’on repêche des cadavres exsangues dans la Garonne, des filles perdues poussent leur dernier soupir sur le son du Bathory, nouveau repaire de la faune nocturne. Chargé d’enquêter sur ces événements, le lieutenant Baron suit la trace de tueurs dégénérés avides de sexe, de drogue et de rock’n’roll, bien décidés à saigner la cité girondine.
Vampires… Le mot, absurde, échauffe les esprits, sans que personne n’ose encore le prononcer.
Et alors que l’investigation piétine, Lily, la propre fille de Baron, s’entiche de l’inquiétant Damian, pensant trouver dans cette passion toxique un remède à son mal-être.
Si Dans les veines ne s’interdit rien, c’est pour mieux revenir à l’essence première du vampire : un être amoral, violent, à l’érotisme déviant. Le récit emprunte au cinéma gore son esthétique de la démesure, et se nourrit de la culture underground.
Il redonne ainsi au mythe son sombre éclat et sa sulfureuse réputation, plus proche des univers de Poppy Z. Brite et d’Anne Rice que des romans de Stephenie Meyer…
Cela fait des années que je le voulais et des années que je “devais” le lire. Voilà, c’est chose faite, je l’ai terminé ! Et…. Je ne suis absolument pas déçu. Sans que ça soit un coup de coeur, j’ai bien aimé, voire beaucoup aimé à quelques endroits.
L’autrice m’a prévenu aux Imaginales, que le livre était en réecriture, mais je commencerais quand même par dire que ce livre est un gros doigt en l’air envers Twilight.
On sens qu’il a été écrit à l’époque où cette série avait un grand succès, et ça m’a fait beaucoup sourire, comme j’ai moi même eut ma période Twilight.
Ce livre est viscéral, organique, glauque et tordu, et aucun des personnages n’est subjectivement appréciable. Ils sont mauvais, mais ambigus à leur façon. Et c’est pour ça que j’ai précisé “subjectivement”. Objectivement, je les ai presque tous appréciés pour ce qu’ils étaient, ce qu’ils proposaient. Pour leur côté tordu, dans cet univers tordu, en pleine ville de Bordeaux. Ce ne sont pas des gentils vampires mais pas “méchants et cruels oulala” uniquement. Ils ont quelque chose de monstrueux mais de très vivants, et je me suis laissé prendre au jeu de leur folie.
Ce qui est pour eux normal, est pour nous horrible et immonde, mais ils en jouent. Et j’ai beaucoup aimé qu’ils n’aient pas que besoin de sang, mais d’absolument tout ce qui est organique.
Après, c’est vrai que ça fait que le livre est vraiment très gore, et qu’il y a des moments où j’ai fait “argh”, dans le bon sens. L’écriture est menée d‘une main de maître pour ne prendre aucune pincette avec les horreurs qui se déroulent, et si parfois j’avais l’impression que ça en faisait trop, ça restait cool quand même.
Quant à l’histoire…. Je dirais que c’est comme “une tranche de vie horrifique”, avec une rencontre entre un vampire et une humaine, et d’autres sous intrigues. Si Lily était insupportable, c’était tout de même fascinant de la voir tomber pour Damian d’une façon réaliste, plus réaliste que “oh tu es un vampire, cool, marions nous demain”. Il y a quelque chose de tordu et toxique dans leur relation, mais c’est dénoncé, et ça montre les travers d’une pareille relation.
Et en vrai, j’ai détesté Lily, et surtout aussi J.F (que j’ai eut envie d’insulter douze mille fois, et de brûler sur le bûcher). Si on doit parler des personnages plus précisément, j’ai bizarrement bien aimé Gabriel. Je le trouvais fascinant à sa façon, et on ne sais finalement pas tout sur lui. Seiko était sympa, et Damian aussi. Par contre, le lieutenant Baron est une pourriture qui peut aller brûler en enfer. (et bonus : j’ai bien aimé Fleur et sa fille).
Jusqu’au bout j’ai lu l’histoire en me doutant qu’une pareille histoire ne pouvait certainement pas avoir une fin Disney. Et finalement (spoiler qui arrive 🙂 [La mort de Lily m’a fait ni chaud ni froid, j’étais là “oh cool elle est morte”, Damian j’ai été un poil triste et j’ai haï Baron, et j’ai été triste pour Gabriel. C’est d’ailleurs là que je me suis rendu compte que je l’aimais vraiment bien et que j’étais en train de me dire que potentiellement mon personnage préféré était un “enfant” monstrueux et ultra dangereux]
Je dirais que ma lecture était fascinante. Immonde à des endroits, mais fascinante. L’écriture a un aspect qui va avec le reste, un côté déformé, difforme, comme un cauchemar ou un bad trip, et qui n’a aucune pitié avec personne. Mais ça sonne juste, et j’ai beaucoup apprécié ça. Sans oublier le côté un peu sous jacent de la non binarité et des autres aspects queers, qui sans être un point central, m’ont juste fait plaisir d’exister.
Si vous aimez les histoires organiques et gores, avec des personnages tordus, mais une qualité cool, je vous conseille de le lire. Ou d’attendre la réecriture.
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