La plume du Quetzalcoatl de Julien Pinson

Après sept années passées au Nouveau Monde, le Pacifieur Impérial Arthorius revient à Rome avec, dans ses bagages, un colis bien embarrassant : une plume étrange qui jette le discrédit sur une des figures majeures de l’Empire Romain Millénaire : La Déesse Athéna elle même.
Arthorius se trouve alors plongé, malgré lui, au centre des intrigues olympiennes dans une enquête qui le conduira jusqu’à la Frontière, au cœur des Montagnes Rocheuses.
Au fil de son voyage rien ne lui sera épargné, ni les courses poursuites avec les gangs de Néo Rhodes, ni les fusillades avec les tribus indiennes, pas même la compagnie de Dom, un faune vétéran de la légion, adepte du sarcasme à outrance.

Défi des dix familles 2023


Famille : Dans la cour de récré
Personnage : d’Artagnan
Rang : Parent 2
Défi : Un affrontement physique dans le livre (duel, bagarre…)

Mon avis

Je sors de ce livre avec une impression en demi-teinte. Je pense qu’il vaut la peine d’être lu, malgré sa durée courte, et son histoire presque rapide. Il nous offre un univers qui aurait pu s’étendre à plus d’un seul livre, mais ça n’est apparemment pas le cas. 

Parce que ce qui y a de plus intéressant dans ce récit, c’est son univers. On nous plonge dans une histoire de guerre divine, entre des dieux grecos-romains, mélangé à autre chose, puisqu’on a aussi la mythologie celte et celle des natifs américains qui s’y mêle. Le syncrétisme a quelque chose de vraiment plaisant, et bien travaillé. On est sur les anciennes civilisations, dans une époque steampunk. Et si le mélange complet peut paraître alambiqué, il ne l’est pas tant que ça, et tout est facile à suivre. 

D’autant qu’on est pas sur de l’univers dumping comme on peut le voir dans certains récits, et l’univers vient se placer naturellement dans le récit. Ce qui est appréciable, plutôt qu’avoir des longs monologues sur l’histoire du monde. 

Mais cet univers s’essouffle de par ses rebondissements, qui se suffisent à des bagarres, des bastons, et une bataille. On a un fond d’enquête, qui est intéressante, mais dans l’ensemble on reste sur des rebondissements qui se ressemblent quand même pas mal. 

Après, le personnage d’Arthorius “le Pacifieur impérial”, a quelque chose d’intrigant. J’ai trouvé que c’était un personnage nébuleux, à la fois spectateur et acteur du récit, qui suis une sorte de fil d’Ariane qui le mène à la conclusion d’un héros classique. 

J’ai bien aimé ce personnage et son traitement. J’ai moins aimé Dom, qui au delà de son cynisme n’avait pas grand chose de plus. 

Il faut dire que si je reprocherais des rebondissements qui s’essoufflent dans un récit qui devient ennuyeux dans le dernier quart du livre, ce que je reprocherais le plus à l’ouvrage est son apparent male gaze, et ses relents d’homophobie ordinaire servis comme d’un humour dont je me serais bien passé. 

Entre les personnages masculins qui prennent toute la place, les personnages féminins qui ne sont pas si puissants, ou s’ils le sont apparaissent deux seconde savant qu’ils ne disparaissent… Il n’y a pas grand chose d’intéressant à en tirer, encore moins quand Dom semble toutes les deux secondes vouloir se faire quelques dames. 

D’où ma demi-teinte. Si l’univers avait su proposer quelque chose de plus que sa construction, et l’enquête être plus mise en avant – j’ai adoré le passage sur les minotaures, par exemple -, je pense que ce livre aurait beaucoup plus gagné en intérêt pour moi. Ca, et le fait d’ajouter des personnages pour rien (comme la pythie) et les mettre de côté parce qu’on doit se concentrer sur les deux principaux. 

Ainsi la plume du Quetzalcoatl a su me convaincre pour son ambiance, mais pas forcément pour le reste, et c’est bien dommage. 

Nous dansions sur l’air du numérique d’Emrys

2039. Nao, étudiant parisien, découvre les joies et les déboires de la danse virtuelle lorsqu’il se connecte pour la première fois au serveur de sa chorégraphe. Il y rencontre Saoirse, avatar aux mouvements mystérieusement parfaits qui l’entraîne dans un pas de deux numérique toujours plus envoûtant.

Défi des dix familles 2023


Famille : Dans la cour de récré
Personnage : Carrie Bradshaw
Rang : Grand-Parent 1
Défi : Le personnage principal écrit (son journal)

Mon avis

Cette chronique risque d’être un peu courte. En effet, j’ai lu cette nouvelle en trois fois, et a au moins un mois d’intervalle à chaque fois minimum… Pas qu’elle ne me plaisais pas : juste que j’avais peur de la fin. 

Finalement il n’y avait pas tant à craindre. 

On est sur une nouvelle avec de la représentation non-binaire (chose que je cherche toujours autant). Qui se déroule dans le futur, où, Nao, un étudiant qui apprécie la danse, rencontre dans un monde virtuel, Saoirse, un danseur qui semble se débrouiller comme un chef pour contrôler son corps virtuel. 

C’était assez mignon, assez doux. J’ai bien aimé Nao, et le point de vue que Saoirse nous donne aussi parfois. Il y a des moments un peu dur et tristes, mais ça reste vraiment doux. J’ai bien aimé comment le futur nous est dépeint avec sa technologie, c’est bien expliqué, malgré le format court. 

Je me suis douté de ce qui arrivait à Saoirse, mais j’ai quand même aimé lire l’histoire, et j’ai trouvé ça touchant et beau. 

C’est une jolie nouvelle, un peu doudou, un peu triste aussi. Et c’est une belle histoire d’amour, avec un fond de danse. 

Kiki la petite sorcière tome 1 d’Eiko Kadono

Kiki a bientôt 13 ans et doit prendre son indépendance. Elle s’oriente loin vers la mer, mais malheureusement, elle se rend compte que les sorcières ne sont pas les bienvenues partout… Heureusement pour elle, Osono, une boulangère très sympathique lui propose de s’installer au-dessus de la boulangerie. Pour gagner de quoi manger elle devra trouver un métier
unique pour une petite sorcière comme elle…

Défi des dix familles 2023


Famille : Dans un carambar
Personnage : Belly (L’été où je suis devenu jolie)
Rang : Enfant 1
Défi : Une scène se passe sur une plage

Mon avis

J’avoue avoir revu le film il n’y a pas si longtemps que ça. Ainsi, j’avais en souvenir le dessin animé. Ça n’a pas empêché que j’apprécie la lecture, au contraire. Certains passages du film m’avaient intrigué, puisqu’ils n’en disaient pas assez à mon goût. C’est de cette façon, que j’ai donc lu ce tome 1 de la série de Kiki la petite sorcière. 

On découvre un univers de sorcières en déclin, et Kiki, au milieu de ça, qui, possédant un seul pouvoir, décide alors de devenir sorcière dans une ville immense mais proche de la mer. Là, elle se fera de nombreuses connaissances, qui l’aideront notamment à grandir en maturité, et évoluer. 

En soit, c’est un monde assez mignon, enfantin, sans que ça sois “niais”, et qui faisait un drôle de mélange entre de la littérature japonaise et de l’anglo saxon. Je m’explique : on sentait un peu les coutumes japonaises dans certains aspects. Mais dans la façon dont c’était fait, de comment l’univers était construit, et des chapitres qui s’enchainent, ça sonnait un peu plus anglo saxon. Notamment l’univers des sorcières, leurs balais, leurs coutumes, etc.

Nous retrouvons en fait des petites histoires, à base de clients de Kiki le plus souvent, duquel elle finis par se rapprocher, et qui sur une année, vont lui apprendre pleins de choses. On retrouve aussi Jiji, le chat qui lui sert de “bonne conscience”, parfois. Et quelques autres personnages assez colorés, et sympathiques. 

Kiki m’a un peu fait pensé à Alice (aux pays des merveilles) dans son personnage. Ce qui fait que je l’appréciait peu, parce qu’elle avait à certains endroits un comportement peu agréable. Mais au final, elle restait assez mignonne, et surtout, on sentait bien que c’était une adolescente qui se découvrait. 

D’ailleurs, d’adolescente qui se découvre, on a quelques passages sur l’amour et ces aléas, mais aussi, sur… D’autres choses un peu bizarres pour une enfant, comme son physique. Mais soit. Je ne vais pas reprocher qu’il y a beaucoup de remarques sur le fait que Kiki “est jolie” ou sur sa beauté (ou sa non beauté), plus que sur son adresse ou sa malice. Je tenais juste à le préciser. 

Mais du reste, Kiki la petite sorcière reste un roman très choupi. Je ne sais pas trop si je lirais la suite, car pour le moment j’estime que le tome 1 se suffit à lui-même, et que j’ai d’autres séries à terminer avant. 

La Merlette de Caterina Cavina

À Nuovariva, dans la basse plaine de l’Émilie-Romagne, les crimes domestiques sont monnaie courante, en particulier ceux commis sur les femmes ; leurs cadavres disparaissent à jamais dans les eaux glauques du marais. Un jour, le corps d’une adolescente assassinée pendant les jours de la Merlette, ne sombre pas tout de suite, mais reste à la surface glacée de l’eau jusqu’au printemps. Personne ne s’aventure à le ramasser. Bien des années plus tard, la jeune fille réapparaît mystérieusement.

Après une adolescence tumultueuse, la jeune femme s’intègre dans la petite communauté de Nuovariva comme chroniqueuse judiciaire. Elle détient un avantage de taille sur ses collègues journalistes : les cadavres lui racontent leur histoire.

Pré-note

Je remercie la traductrice, Murielle Hervé-Morier pour m’avoir permis de lire ce livre.

Livre lu aussi pour le jeu des dix familles 2023 :
Famille : Dans un paquet de mouchoir
Personnage : Pénélope (L’Odyssée)
Rang : Parent 1
Défi : Une autrice d’un pays qui borde la mer Adriatique (Albanie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Grèce, Italie, Monténégro, Slovénie)

Mon avis

Difficile de chroniquer un livre comme La Merlette. En effet, celui-ci m’a fait l’effet d’une sorte de livre à part, qui se veut poétique, sombre, féministe et fantastique. Une chose est sûre, c’est qu’il se lit vite. Si mon rythme de lecture a été chaotique ces derniers temps, à chaque fois que je lisais un peu ce livre, je me retrouvais à avancer sur plusieurs chapitres, sans trouver le temps long.

C’est probablement parce que l’ouvrage est écrit de façon pas “poétique” en partie, mais plus fluide et tranchante. On ne se perd pas dans des divagations narratives, et on va droit au but.
En soi, c’est une bonne chose : le propos du livre est bien servi. On est sur une sorte de tragédie d’un petit village d’Italie, où les personnages semblent tous un peu avoir un grain ou un passif complexe. Mais quand je dis grain, au final, ils semblent tous “réalistes” du côté sombre de nos vies.
Si j’avoue, j’aurais aimé me passer de quelques histoires dans l’histoire, comme celle du professeur pédophile qui n’a aucune pitié pour son élève et dont j’ai trouvé le message mal passé et dérangeant puisque du point de vue d’un personnage qu’on semble être censé aimer, ou les nombreuses histoires de fesses de la tireuse de tarot, il en reste que malgré moi, elles me restent en mémoire.

Je ne pense pas que ce livre est fait pour qu’on apprécie forcément ses personnages, mais plus pour nous poser des faits de vie, nous les mettre dans la tête, et nous montrer un peu plus la cruauté de ce monde, du point de vue d’un personnage littéralement mort-vivant. D’ailleurs, fait étrange, si je n’ai pas accroché aux autres personnages, j’ai senti que La Merlette en elle-même me touchait. Elle est une sorte de porte-parole des femmes qui sont dans la douleur dû aux hommes cruels. Et si ça peut sembler assez exagéré à des endroits (notamment ce qu’il se passe à sa mort), je pense que ça peut arriver aussi, et il en reste, que le livre est là pour passer un message, pas pour être réaliste. Rien qu’à voir le fait qu’elle libère du vert autour d’elle parce qu’elle est morte dans les marais, montre ce fait.

De toute façon, le but du récit est de se concentrer sur ces hommes cruels, qui ont trahi des femmes qui voulaient croire en eux. Que ce soit par les fantômes que Merlette voit, ou d’autres. Autre chose d’intrigant : ce qu’est la Merlette en elle-même. Je me suis demandé durant le récit, si cela faisait écho aux légendes de types Llorona ou même Mélusine, ou autre.
Ce que j’ai apprécié aussi, c’est la structure du récit. Mêlant le passé au présent, on a au fur et à mesure son histoire, et j’ai trouvé par contre que le résumé du livre spoilait trop ce récit du passé. Ce qui est dommage, parce qu’on aurait pu découvrir doucement.

Ce qui est sûr, c’est qu’il y a de la tragédie dans ce récit, mais une tragédie douce, amère, qui certes était plutôt crue, mais avait ce petit quelque chose qui se laissait lire, et se contentait de présenter, sans aucun tact à donner, mais avec un plaid dans les mains, la cruauté du monde. À écrire comme ça, c’est assez bizarre, mais c’est exactement la sensation que m’a fait ce livre.

Si vous avez aimé… vous aimerez ce livre

Si vous avez aimé Eurydice Déchaînée, vous aimerez ce livre pour son côté des femmes qui se vengent des hommes qui leur ont fait du mal.

Si vous avez aimé un livre de Morgane Caussarieu (comme Dans les veines), vous aimerez probablement ce livre pour son côté assez cru qui n’enrobe aucun de ces mots dans du bonbon.

Widjigo d’Estelle Faye

En 1793, Jean Verdier, un jeune lieutenant de la République, est envoyé avec son régiment sur les côtes de la Basse-Bretagne pour capturer un noble, Justinien de Salers, qui se cache dans une vieille forteresse en bord de mer. Alors que la troupe tente de rejoindre le donjon en ruines ceint par les eaux, un coup de feu retentit et une voix intime à Jean d’entrer. À l’intérieur, le vieux noble passe un marché avec le jeune officier : il acceptera de le suivre quand il lui aura conté son histoire. Celle d’un naufrage sur l’île de Terre-Neuve, quarante ans plus tôt. Celle d’une lutte pour la survie dans une nature hostile et froide, où la solitude et la faim peuvent engendrer des monstres…

Défi des dix familles 2023


Famille : Dans la cour de récré
Personnage : La Reine des Neiges
Rang : Ancêtre 2
Défi : Il neige dans le livre

Mon avis

Je dois avouer qu’il m’a fallu trouver mon ambiance musicale pour me plonger dans la lecture de ce livre. Je vous conseille donc des playlists de vents qui soufflent, et de tempêtes diverses.

Une fois l’ambiance posée, il est bien plus facile de rentrer dans le livre, qui nous plonge dans une histoire de survie.

On retrouve un certain nombre de personnages, qui se retrouvent pris au piège sur une île hostile, sous des tempêtes de neige, et d’autres obstacles qui bloquent leur route. À commencer par une série de meurtres étranges qui commencent à tous les décimer un par un.

Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est que quasiment du début à la fin, on ne sait pas si tout ce qu’il se passe est fantastique. Ou si simplement, les personnages deviennent fous, et surtout dangereux. Ainsi, le livre traite du sujet du monstre, et de ce que les gens deviennent lorsqu’ils n’ont plus rien pour survivre.

Tout se fait du point de vue externe de Justinien de Salers, un alcoolique notoire, que le passé semble rattraper au fur et à mesure de l’histoire. Cet homme qui parais bourru au début, m’a donné l’impression d’être naïf au fur et à mesure de l’histoire. Naïf et dépassé par les évènements, et assistant à la cruauté des hommes sans pouvoir faire grand-chose de plus que survivre lui-même.

Il y a un travail sur la façon dont le récit est raconté et construit, qui m’a fait retrouver le style de l’autrice, qui semble tout de même un peu changer dans ce côté plus mature, plus sombre qu’est Widjigo. On retrouve quelques retournements de situation, qui m’ont fait comprendre des choses sur le choix du style, qui m’interrogeait durant ma lecture. Tout est bien placé, et amène à une conclusion.

Du reste, je me suis laissé plonger dans l’histoire, et sans forcément m’attacher, persuadé que tout ceci ne serait qu’une escalade vers l’horreur. Bien que chaque personnage avait son propre passé, ses propres désirs et ses peurs. J’ai néanmoins apprécié Pénitence, qui me faisait de la peine vu la tête de son père. J’ai trouvé Gabriel intéressant aussi. C’est un personnage mystérieux du début à la fin, par sa manière de très peu parler, entre autre. Et Marie était dépeinte de telle façon qu’elle m’intriguait.

Ce que j’ai aussi aimé, c’étaient les indices laissés par le livre pour en venir à la conclusion. Indices glissés dans les parallèles du “présent” avec l’année 1793 et de l’évènement horrible de l’année 1754. Il y avait des choses qui me faisaient tiquer. Comme des incohérences dont je n’arrivais pas à trouver le sens.

Ainsi, à la fin, j’ai pu faire “ah oui, du coup, ça explique beaucoup de choses.”

Je pense que ce livre, en huis-clos de survie, se lit avec la bonne ambiance, et conte une histoire de l’horreur humaine, et que le monstre n’est pas forcément celui qu’on pense, ni aussi monstrueux qu’on ne le croit.

Citation

“Elle m’a montré que le monde est fait d’histoires autant que de matière. En tous lieux les histoires se mêlent à ce que nous sommes, cette Terre même que nous arpentons, ces océans au travers desquels nous lançons nos courses. Les histoires nous relient à ceux qui nous ont précédés, également, tout au long des siècles. Ceux qui ont vécu bien avant notre ère, mais aussi ceux que nous avons croisés, ceux que nous avons aimés, ou haïs, et qui sont partis avant nous.”