L’indésirable de Sarah Waters

Au hasard d’une urgence, Faraday, médecin de campagne, pénètre dans la propriété délabrée qui a jadis hanté ses rêves d’enfant : il y découvre une famille aux abois, loin des fastes de l’avant-guerre. Mrs Ayres, la mère, s’efforce de maintenir les apparences malgré la débâcle pour mieux cacher le chagrin qui la ronge depuis la mort de sa fille aînée. Roderick, le fils, a été grièvement blessé pendant la guerre et tente au prix de sa santé de sauver ce qui peut encore l’être. Caroline, enfin, est une jeune femme étonnante d’indépendance et de force intérieure. Touché par l’isolement qui frappe la famille et le domaine, Faraday passe de plus en plus de temps à Hundreds. Au fil de ses visites, des événements étranges se succèdent : le chien des Ayres, un animal d’ordinaire docile, provoque un grave accident, la chambre de Roderick prend feu en pleine nuit, et bientôt d’étranges graffitis parsèment les murs de la vieille demeure. Se pourrait-il qu’Hundreds Hall abrite quelque autre occupant?

Défi des dix familles 2023


Famille : Dans la tête
Personnage : Madeleine Péricourt
Rang : Ancêtre 2
Défi :

Un personnage ruiné

Mon avis

J’aime les histoires d’horreur, mieux, j’aime les livres d’horreur où la maison est l’antagoniste, celle qui rend folle ou tue les gens à l’intérieur. Parce que la maison est le foyer, l’endroit où l’on vit, l’endroit où on est censé se sentir en sécurité. Et c’était pour cette raison que j’étais pressé de lire l’Indésirable. Pourtant… Plus que la maison, on nous présente un personnage principal somme toute banal : homme médecin, calme, responsable, rationnel, qui tout au long de l’histoire se pose comme le sauveur d’une famille au bord de la ruine. Leur redonnant de l’espoir, de la compagnie.
Et c’est là que le docteur Faraday est vraiment très intéressant : selon le point de vue de lecture, il est tout à la fois personnage principal et antagoniste, au fur et à mesure de l’histoire.
En effet, si on se penche sur un autre point de vue, il s’impose dans cette famille, et sous prétexte de sa bienveillance, s’y pose comme l’invité d’honneur. Tout ça pour y admirer la maison, bien que bien sûr, il admire aussi ses habitants.

Mais c’est là que le livre est bon dans son écriture : finalement, est-il si bon qu’il ne le prétend ? Qu’il ne le pense ? Est-ce que quelque part il n’est lui-même pas doté de défauts comme la possessivité ou le fait de vouloir la perfection ?
Et au final, est-ce que ça n’a pas un impact sur les habitants des Hundreds, ou même, sur la maison en elle-même ?

Si à l’extérieur l’Indésirable paraît être une histoire de maison hanté, dramatique et violente, dont le fantôme est tout à la fois, mais surtout invisible, et machiavélique, je me suis demandé au fond si le titre, original ou non ne tenait pas en fait sur le personnage principal. Parce que celui-ci est appréciable : j’aimais son côté rationnel, j’aimais sa patience, sa façon d’aider les Ayres. J’appréciais sa vision de Caroline, car il en faisait un portrait attachant bien qu’un peu triste. Et notamment, il donnait une vision de la maison qui changeait de celle des autres personnages.
Pourtant, au fur et à mesure de l’histoire, j’ai commencé à le détester. Et c’est en finissant le livre, en refermant sur la dernière phrase, que je me suis interrogé sur le rôle de l’antagoniste et de la maison dans ce livre.

On est à mon sens loin d’une histoire classique. On a certes le passif tortueux de la maison hanté qui se respecte, mais au fond, je ne suis pas sûr que c’était de là que venait la hantise, et que l’étranger fut vraiment une entité paranormale.
J’en dirais pas plus, mais je crois que ce qui aurait dû être une déception sur la fin, est devenu un livre qui m’intrigue énormément, et dont j’aurais besoin de lire quelques analyses pour voir si je ne vais pas trop loin ou quoi.

Dans tous les cas, c’est bien écris, ça nous plonge dans une certaine ambiance, et il y a une critique de la société assez plaisante. Et au-delà de ça, l’horreur est à mon sens subtil, et j’en reste encore à m’interroger.

Diluées de Collectif

Te souviendras-tu de moi et de tous ces jours où la passion a triomphé ?
J’ai pris toutes les formes et ai voyagé à toutes les époques. J’ai exploré toutes les régions, tous les silhouettes. Je suis changeant, mobile, fluide et langoureux. Les amours qui m’honorent sont diverses, elles l’ont toujours été.
Laisse-moi te guider au creux de mes souvenirs, prends les formes que j’ai prises, salue les corps que j’ai enlacés. Me suivras-tu à ton tour ? Me rencontreras-tu dans cette vie-là ?

Défi des dix familles 2023


Famille : Dans la tête
Personnage : Daisy Letourneur
Rang : Cousine 1
Défi :

Un livre écrit par plusieurs (et uniquement des) femmes et/ou minorités de genre (personnes trans, non-binaires…)

Mon avis

Morgane Stankiewez – Ereshkigal

C’était ma première fois avec cette autrice, et j’avoue que je savais qu’il y aurait un côté très “dramatique”, mais ça ne m’a pas dérangé. Je ne connaissais pas le mythe dont s’était tiré, mais j’ai trouvé qu’en entrée en matière dans le recueil, c’était assez cool. J’ai bien aimé l’écriture, la façon dont on nous plonge dans un côté très sombre et virtuel, et le personnage principal. C’est tordu, étrange, mais ça n’en fait pas trop, et j’ai beaucoup aimé. Ça me donne envie d’en lire plus de l’autrice. 

Morgan of Glencoe – Couleur d’écume 

Je triche parce que je suis fan de Morgan et que du coup quand je fais une chronique, j’ai l’impression de tricher, mais. J’ai adoré. Les pirates, c’est pas mon truc préféré, mais l’écriture de Morgan si, donc c’était assez cool. J’ai aimé le côté humour toujours bien tenu, l’évolution des personnages et le couple. J’ai trouvé que ça allais “vite”, mais forcément, c’est une nouvelle, et le rythme se tient sur les ellipses et tout le reste. Je voulais en avoir plus mais j’ai trouvé la conclusion assez mignonne. 

Karine Rennberg – Voeux Electriques

Bien que j’aie aimé, et que j’ai trouvé ça amusant à lire, j’ai eu un peu de mal à rentrer dedans. Mais l’idée même d’un érotisme lié à de l’électricité… C’était assez fascinant à lire, et puis les personnages principaux étaient charmants. En somme, j’ai bien aimé, mais sans plus, mais en termes d’originalité, ça m’a pas mal marqué. 

Cordélia – Bouches d’Incendies

Je pense que c’est celle que j’ai le moins aimée, et pourtant je l’ai apprécié. C’est juste que comparé aux autres, il y avait moins d’imaginaire, et c’était plus “normal”. Il manquait quelque chose. Je n’ai pas vraiment accroché à l’histoire, même si la tournure sur la phobie avait quelque chose d’intéressant en termes d’écriture. Les personnages étaient mignons, quand même.  

Nadège da Rocha – Vieilles connaissances

Je crois que c’est celle que j’ai le plus aimée. Ça parle de chevaleresses, et y a pleins d’action et d’humour. Et une histoire d’amour assez ancienne et amusante à lire. J’avoue avoir été dérouté par la foison d’univers qu’on nous présente, dans la mesure où ce n’est qu’une nouvelle, et ne pas avoir compris pourquoi il y avait Morgan, même si je l’aimais bien. Ça n’a pas empêché que j’ai bien aimé, que ce soit le twist ou autre. C’était sympathique à lire. 

Théodore Koshka – Alpha Beauty

Si j’avoue avoir eut beaucoup de mal avec les pronoms (mon cerveau refusait de se casser en morceau pour s’adapter, ce qui était assez frustrant parce que ce n’était pas si compliqué que ça). La nouvelle en elle-même peut être dure à lire, j’ai été assez surprise de l’histoire, et j’ai bien aimé. On a un point de vue d’un personnage auquel on ne pense pas forcément, et si à mon goût, c’est celle où il y avait les scènes les moins… Appréciables, non pas en termes d’écriture, mais juste en termes d’existence, le sujet était intrigant, et je me suis surpris à continuer ma lecture avec curiosité. 

J.M Corrèze – Comme un soleil

La dernière des nouvelles. Un peu étrange, totalement désincarnée avec cet esprit qui semble pouvoir prendre forme humaine pour être avec quelques personnes et leur offrir quelque chose. C’était étrange à lire, mais tout doux, alors j’aimais bien. Je ne pense pas avoir tout compris quand même, et finalement, ça m’a tout de même intrigué sur les mythes dont ça parle. 

Conclusion

Il faut savoir une chose, c’est que je n’aime pas trop lire de l’érotique, parce que souvent les scènes sont soit peu agréablement écrit, soit elles ne respectent pas tout à fait le consentement. Et là, j’avais des choses assez maîtrisées, qui ne venaient pas toujours de nulle part, et j’aimais bien. C’était agréable et ça m’a fait découvrir des styles différents. Je pense garder un bon souvenir de ce recueil. 

La maison d’à côté de Joel A. Sutherland

Mathieu n’est pas enchanté d’avoir déménagé dans une banlieue ennuyeuse. La situation devient plus prometteuse quand sa jeune sœur Sophie, qui rêve de faire de l’équitation, aperçoit un cheval dans le champ de la ferme voisine. Mais quand ils s’aventurent trop près de la maison d’à côté, les événements prennent une tournure cauchemardesque…

Défi des dix familles 2023


Famille : Dans un autre monde
Personnage : Merlin
Rang : Parent 2
Défi : Un personnage en sauve un autre

Mon avis

 Deux adolescents arrivent dans une nouvelle maison, et découvrent que la maison d’à côté semble hanté. Première réaction de leur part ? En apprendre plus, bien sûr ! S’ensuit alors des découvertes macabres, et rumeurs en tout genre, pour une réalité un tant soit peu corsée. 

Dis comme ça, le livre me faisait vraiment envie. Mais j’ai détesté. Ca allait que c’était facile à lire, ce qui fait que je l’ai fini. On découvre les deux frères et soeurs, et de suite, l’écriture m’a semblé étrange. Je ne sais pas si ça viens de la traduction ou d’autre chose. Mais ils ne parlaient pas comme des enfants/ados normaux. Ils parlaient comme quelqu’un qui aurait écrit en soutenu pour pas grand chose. Comme des robots. 

L’histoire en elle-même est simple, et de fait s’il y avait énormément de facilités à mon goût, je trouve que bon, pour un livre pour enfant ça passe encore. 

Mais l’ensemble n’est pas uni. On nous présente une histoire vraiment sombre pour des enfants, avec des descriptions assez glauques. Et derrière, tout semble simple, basique et pas très bien amené. 

En plus, on pars sur un délire un peu bizarre, sur la vérité derrière le livre, et je n’ai pas accroché. 

Ça se lisait, mais sans plus. Je suis super déçue parce qu’il me faisait vraiment envie, et que je comprenais qu’il y avait des choses intéressantes pourtant. Ma chronique est courte, mais j’avoue pas avoir grand chose à dire. Sinon que je n’ai pas accroché. 

Au niveau du taux de frayeur, je suis pas la bonne personne pour dire si ça fais peur ou pas, mais il y a des descriptions gores et quelques unes qui à mon avis peuvent faire “peur”. Mais les livres d’horreur me font rarement de frisson donc je ne sais pas.

Crystal tome 1 – L’effet miroir de Julien Cordier

Tout a commencé par une vidéo devenue virale… Juin 2023 – Stuttgart, Allemagne. Edward et Julianne sont un couple heureux et vivent un bonheur sans faille avec leur fils Kevin. Alors, comment expliquer que ce jour-là, après avoir aperçu cette vidéo qui passait à la télé, derrière le bar, Julianne ait subitement décidé d’abandonner sa famille en s’enfuyant du restaurant et en volant une voiture ? Avant de les quitter, elle a été très claire : « N’essayez pas de me retrouver. Vous ne me reverrez plus jamais ! ». Toutefois, lorsque l’inspecteur en charge du dossier contacte Edward pour lui poser quelques questions, celui-ci lui révèle soudain que les empreintes relevées sur le verre de sa femme correspondent en fait à celles d’une certaine Chrystine Miller, une biologiste française partie étudier en 2003 au MIT, et décédée en 2013 à Boston. Plus grave encore, cette femme serait fichée dans la base de données d’INTERPOL et liée à des affaires d’espionnage international, ce qu’Edward réfute corps et âme puisqu’il connaît Julianne depuis l’adolescence. C’est juste… impossible ! Tout du moins, c’est ce qu’il croyait… Un thriller spirituel malicieusement mené sur deux tomes, qui remettra en cause votre perception de la réalité et des personnes qui vous entourent. Saurez-vous affronter l’effet miroir ? Et si vous pouviez changer de corps et d’esprit à volonté… Que feriez-vous?

Défi des dix familles 2023


Famille : Dans un autre monde
Personnage : Les six of crow
Rang : Cousin 1
Défi : Un roman choral

Prix des auteurs inconnus 2023

Ce livre a été lu dans le cadre du Prix des auteurs inconnus 2023, puisqu’il fait partie des 5 lauréats de la catégorie littérature noire ! Je vous invite à découvrir ce prix qui permet de mettre en avant les auteurs autoédités ou édités dans des micros maisons d’éditions.

Mon avis

Si je ressors mitigée de ma lecture, Crystal présente quelques qualités pour un livre plutôt atypique : mêlant science-fiction, espionnage, et un fond de changement de corps et d’identité, l’ouvrage est maintenu et bien structuré jusqu’au bout du récit.

Je regrette que l’affaire se fasse sur deux tomes, surtout quant finalement, on a plus un long bout de passé que le présent actuel, et que peu de réponses nous sont réellement données de ce côté ci.

Parce qu’on suis deux points de vue : un du passé, un du présent. Et dans le présent, un homme voit sa femme s’en aller, et sa vie basculer en enfer sans qu’il comprenne pourquoi.

Dans le passé, on suis une demoiselle nommée Chrystine qui a tout à apprendre de la vie, et qui débarque au MIT avec des rêves pleins la tête, et un cerveau bien allumé.

De là, se découle donc l’espionnage, avec l’étrange capacité de changer de corps, en possédant les souvenirs de la personne dont on prend l’identité.

J’admets que ce côté-là était plaisant : l’auteur tentait de faire passer des messages qui avaient leur importance. Toujours se mettre du point de vue de l’autre, comprendre comment les gens pensent, etc. Ça remet en question son identité, et ce qu’on pense des gens. Il y avait un côté assez humain à l’histoire.

Pourtant, je n’ai pas trop accroché. J’ai trouvé que les dialogues étaient souvent maladroits. Ils sonnaient faux, ou bien trop adolescents à mon goût, et ça me sortait de l’histoire. Malgré les rebondissements qui tiennent la route, les recherches bien menées, l’évolution du personnage principal, etc.

J’ai trouvé aussi quelques passages gênants, notamment sur la sexualité féminine. Mais on sent une volonté de bien faire, donc je ne dirais pas grand-chose sinon que ça sonnait parfois maladroit. Ça et un détail qui m’a perturbé tout le long du livre : si Hiroky est japonais, pourquoi ne s’appelle-t-il pas Hiroki de sa bonne écriture ? C’est stupide, mais ça m’a fait tiquer tout du long.

Du reste, on vois des personnages qu’au départ, je n’appréciais pas spécialement, ou sans plus, mais qu’on nous fait découvrir pour comprendre exactement qui ils sont. Il y a un vrai travail de structure, d’éléments qui s’emmêlent, et même si occasionnellement ça fait un peu “trop” (particulièrement avec le cristal), parfois l’auteur sait mieux manier le côté show don’t tell, et je me suis amusé à voir quelques références à du cristal qu’il ne souligne pas, par exemple.

Ça fait sinon assez manichéen, j’ai trouvé à mon sens, mais je pense que le roman avait surtout pour but de faire réfléchir sur l’autre, sur son point de vue, et si j’ai trouvé appréciable l’ambiguïté des caractères et le travail sur la question, que le “méchant” sois “très méchant”, m’a paru dommage. Après, peut-être que ce n’est qu’une surface, et que le tome 2 saura plus présenter des choses différentes.

Ce n’est pas trop mal écrit, si on omet les dialogues, et même si je sors de ma lecture en étant mitigé, et incertain de lire le tome 2, dû à quelques longueurs du premier tome et du reste… J’ai tout de même apprécié ma lecture. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai ressenti de l’auteur, une envie de bien faire, de nous partager une histoire qui en même temps lui tenait à cœur pour son message. Et rien que pour ça, je dirais que si vous aimez la SF, l’espionnage, le film les Dissociés (ç’a du sens), eh bien… Vous pouvez tenter votre chance.

Les chroniques d’Arawin tome 1 – Une idée d’incandescence de Naël Legrand

Lorsqu’Absinthe Cattel s’engage dans la milice de Drak, elle ne s’attend pas à tomber sur une équipe de bras cassés. Accueillie par le déroutant capitaine Merlange, elle est chargée de mener l’enquête dans l’une des maisons de passe de la ville. Pour la jeune femme, qui a eu maille à partir avec la guilde des Travailleuses – et surtout avec l’une de ses employées –, c’est le pire endroit où être dépêchée. Car Liliane, sincère et flamboyante, est bien plus difficile à affronter que le quotidien absurde de la milice…

Défi des dix familles 2023


Famille : Dans un autre monde
Personnage : Lucy Pevensie
Rang : Enfant 1
Défi : Une porte sur la couverture

Mon avis

J’avais découvert l’extrait de ce livre durant le prix des auteurs inconnus, et j’avais pas mal accroché. Quand j’avais vu qu’il n’était pas sélectionné, je me le suis acheté malgré tout. Je me suis donc plongé dedans sans savoir exactement à quoi m’attendre, sinon mes souvenirs d’un récit a l’air chill, et agréable à lire au niveau des dialogues.

Je ne m’attendais juste pas à ce que cela soit à un mini coup de cœur. Mais en même temps, je dois saluer l’auteurice pour ce “premier tome” des Chroniques d’Arawin. Parce qu’Une idée d’incandescence, à tout d’un récit fini, bien écrit, et vraiment très agréable à lire. Et si je ne l’ai pas terminé immédiatement, c’est que j’avais d’autres choses avant à faire ou terminer de lire, sinon je l’aurais fini en un jour.

Mais de quoi ça parle ? D’Absinthe Cattel, une bien étrange personne, qui se retrouve dans une non moins étrange milice d’une ville pleine de crimes. On comprendra par là que l’univers tient de la fantasy, et qu’on nous présente donc Arawin, Drak et toutes ses guildes au fur et à mesure du récit.

D’ordinaire, je suis une personne qui peine à m’accrocher à l’univers. À comprendre par là : dans un récit je me tiens surtout aux personnages, aux rebondissements, et si j’apprécie l’univers, ça ne sera jamais l’élément que je préférerais. Mais ici, on a quelque chose d’incroyablement travaillé (en prouve les notes de bas de page) et plus que ça, qui m’a rappelé Terry Pratchett. Je sais que dans mes chroniques, je compare souvent, mais là vraiment, ça me donnait cette impression, avec les petits plus sur l’univers, les personnages a l’air décalé, la ville criminelle qui ne semble survivre que par miracle… Il y avait quelque chose d’absurde et drôle, tout en restant assez doux et impactant.

Drak m’a énormément plu dans sa conception. On est au-delà d’une “ville de criminels”, on est sur une critique d’une société qui vit comme elle peut par des crimes que ses habitants n’ont pas d’autres choix que de commettre s’ils veulent continuer de vivre. Et au milieu de tout ça, il y a une milice qui sert de blague vaseuse, qui est loin d’être resplendissante, mais dont font pourtant partie les personnages principaux. Plus pas mal d’humour venant de la part des habitants, des brigades aux noms improbables, aux guildes diverses et qui collaborent plus ou moins.

Alors quoi ? Alors, c’est vraiment très bien écrit et travaillé, pour nous décrire l’endroit et l’ironie de tout ça.

Et surtout, ça ne fait que rendre les personnages encore plus attachants. Absinthe a ce charme certain, de celle qui ne sait pas ce qu’elle veut, et qui doit apprendre à évoluer, pour garder l’amour qu’elle éprouve. Et j’ai aimé son développement de personnage, sur son orientation sexuelle, tout comme sur son identité propre. Ca sonnait juste, elle ne m’a pas ennuyé, et j’étais content de voir ses petits progrès. Il y a aussi Gabriel Merlange, ce capitaine dépassé, et soumis à un seigneur qui se moque bien de lui, mais dont la relation est bien plus ambiguë que tout le reste. J’ai vraiment adoré comment cette dernière était écrite, il y avait tout pour tomber dans les bas fonds de la toxicité, et j’ai trouvé au contraire que ce qui était à dénoncer l’était, et ce qui les maintenait en relation, était bien fait aussi. Mais avec Gabriel on a donc ce personnage blasé, qui passe davantage son temps alcoolisé que sobre, mais qui semble faire confiance à ses coéquipiers.

En fait, au-delà des personnages, j’ai aimé la Milice. Ses relations entre ses membres, la confiance qu’ils font entre eux, le fait que c’est d’un commun accord qu’ils reconnaissent ne pas être des justiciers. J’ai trouvé que ça les rendait tellement “humains”. J’adorais les voir réagir, interagir, et même quand ils échouaient, il y avait quelque chose d’appréciable.

Ce qui fait que durant toute ma lecture, de constater qu’au fond, il n’y avait pas de quête épique, de rebondissement grandiose, de retournement de situation magistral, mais juste la vie classique de gens qui tentent comme ils peuvent de pas se faire rouler dessus, ne m’a pas dérangé. Au contraire.

À noter aussi, que j’ai apprécié Liliane, qui bien qu’extérieure à la guilde, est un personnage tout aussi bien écrit : posée là comme le love interest, elle sait s’imposer, et si j’ai regretté qu’on ne la voit pas plus, et qu’on la voit souvent dans un lit, ça n’empêchait pas que c’était un personnage assez sympathique. De plus, moi qui suis frileux parfois avec l’érotisme, j’ai trouvé les scènes justes, bien écrites, et elles n’en faisaient pas trop.

Je ne m’attendais réellement pas à aimer autant ma lecture. Pourtant, force est de constater, qu’une fois que j’ai refermé le livre, je voulais un second tome. Ça tombe bien, il y en a un, et je vais aller le chercher directement vers l’auteurice à la Y/con.

Tombez dans ce premier tome des Chroniques d’Arawin. Vous plongerez dans un univers cynique, mais drôle, avec des personnages attachants, et une écriture assez douce, et surtout très fluide, rendant la lecture rapide.

Citations

“C’est horrible d’avoir des gens pour faire les choses à votre place : on ne peut pas s’empêcher de vouloir aller tout vérifier derrière eux”

“- Promets moi de ne jamais écrire tes mémoires. Tu racontes vraiment mal les histoires”

“Elle savait que la vie ne se vivait pleinement que dans ces instants-comètes qui ponctuaient la banalité de l’existence.